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Paris : une coiffeuse de confession juive menacée avec des «versets sataniques du Coran»

Deux jours après l'attaque du Hamas en Israël, une coiffeuse parisienne de confession juive a reçu un journal dans son salon sur lequel figuraient des «versets sataniques du Coran» écrits à la main. Une menace, selon elle, due à sa religion. Une enquête a été ouverte.

Une coiffeuse de confession juive a prévenu la police après avoir reçu des «menaces» inscrites à la main en arabe dans un journal «bien plié» et déposé dans son salon, le 9 octobre dernier. Selon la plaignante, ces menaces rédigées sous la forme de «versets sataniques du Coran» lui auraient été adressées en raison de sa religion. 

«Je suis arrivée le 9 octobre, juste après les événements qui se sont passés, j'ai ouvert mon salon et j'ai trouvé un journal bien plié. Ma curiosité m'a amenée à ouvrir ce journal, et j'y ai vu des versets du Coran écrits à la main. Je ne comprends pas trop, donc je traverse la rue, et je vais voir un commerçant. Je lui montre et il me conseille de ne pas prêter attention à cela en m'expliquant qu'il s'agit de versets sataniques du Coran», a expliqué la coiffeuse à CNEWS. 

L'expression «versets sataniques» est une appellation occidentale, inusitée dans la tradition arabo-musulmane, et dont les interprétations sont controversées. Elle évoque des versets particuliers du Coran où Satan aurait fait dire à Mahomet des paroles empreintes de conciliation avec les idées polythéistes. Cet épisode concerne les versets 19 à 23 de la sourate 53. 

L'expression a été inventée par l'orientaliste écossais Sir William Muir dans les années 1850 et l'écrivain Salman Rushdie l'a retenue comme titre de son livre «Les Versets sataniques» (1988), une oeuvre de fiction qui lui a valu une fatwa lancée par l'ayatollah iranien Rouhollah Khomeiny, et de nombreuses menaces en provenance de fanatiques de nombreux pays. Certaines allant jusqu’à exécution, puisqu’il a perdu l’usage de son oeil et d’une main à la suite d’une violente agression aux États-Unis en 2022. 

Exportation du conflit entre Israël et le Hamas en France

Installée à Paris dans son salon du 18e arrondissement depuis vingt-huit ans, cette coiffeuse raconte avoir toujours reçu «une clientèle cosmopolite» sans jamais que sa religion ne pose aucun problème. Ces menaces étant survenues seulement deux jours après l'attaque sanglante du Hamas en Israël, le 7 octobre dernier, cette coiffeuse estime qu'elles pourraient être une conséquence directe de l'exportation de ce conflit en France. 

«Je suis rentrée au salon un peu déboussolée, et je fais intervenir la police qui vient prendre ma déposition. Les policiers ont récupéré le journal et m'ont confirmé qu'une enquête allait être ouverte. À ce moment-là je me sens mal, brisée, et je me dis que finalement c'est parce que je suis juive que je reçois cela», a témoigné la plaignante. 

«Normalement je suis quelqu'un qui n'a pas peur, aujourd'hui je m'enferme. J'ouvre seulement à mes clientes, et je ne trouve pas ça bien, cela veut dire que finalement on a peur. Et c'est vrai, il faut le dire, on se voile parfois la face, mais finalement, on a très peur», a-t-elle conclu. Pour rappel, depuis les événements survenus en Israël, 857 actes antisémites ont été recensés en France en trois semaines. 

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