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Russie : après avoir révélé un scandale de viols organisés en prison, un ex-détenu demande l'asile en France

Sergeï Savelev est arrivé en France après avoir révélé un vaste système d'actes de cruauté commis dans les prisons russes. [Ursula HYZY / AFP]

A l'origine d'une fuite sans précédent de vidéos de viols organisés et de tortures dans les prisons russes, le Bélarusse Sergueï Savelev demande l'asile en France.

Passé par Minsk, Istanbul et Tunis, cet ex-détenu âgé de 31 ans est arrivé dans la nuit du vendredi 15 au samedi 16 octobre à Roissy. «Il a été autorisé à entrer sur le territoire français pour déposer sa demande d'asile dans les huit jours», a indiqué à l'Agence France-Presse lundi soir son avocate, Me Aude Rimailho.

Début octobre, il a été à l'origine de la publication d'images insoutenables d'un prisonnier subissant un viol et des actes de tortures dans la prison-hôpital de Saratov. Des révélations qui ont fait scandale en Russie. Quatre responsables des services carcéraux régionaux ont été limogés et le porte-parole du Kremlin a été contraint de réagir face à l'horreur.

Des tortures systématisées

C'est dans cette prison que Sergueï Savelev a été incarcéré, condamné dans une affaire de trafic de stupéfiants. Sous couvert de ses fonctions de maintenance informatique, il a téléchargé discrètement les fichiers vidéos de prisons à travers toute la Russie, celles-ci étant reliées entre elles par un intranet. Les images, publiées ensuite par l'ONG Gulagu.net, prouvent le caractère systémique des mauvais traitements dans les geôles russes.

Peu avant sa libération début février 2021, Sergueï Savelev a dissimulé près de la sortie de sa prison les supports sur lesquels il enregistrait les données. Le jour de sa sortie, après avoir été minutieusement fouillé, il est parvenu à les récupérer dans la confusion d'un départ groupé.

Les violences commises et filmées dans les prisons et sur ces vidéos sont bien souvent le fait d'autres détenus, à la solde des autorités pénitentiaires en quête de mouchards ou d'aveux. Les vidéos de sévices sexuels servant de moyen de chantage pour que le détenu supplicié coopère.

Il craint les représailles du FSB

Désormais, Sergueï Savelev craint les représailles de l'administration pénitentiaire russe (FSIN) et des services de sécurité (FSB). Il assure que des agents lui ont déjà proposé, en échange de sa coopération, quatre ans de prison pour «divulgation d'un secret d'Etat» plutôt que 10 à 20 ans pour espionnage. «Il a le profil d'une personne qui peut faire l'objet d'une disparition forcée et d'une exécution extrajudiciaire», a souligné son avocate.

Pour leur échapper, il est monté dans un minibus qui l'a conduit jusqu'à Minsk, en passant par la poreuse frontière russo-bélarusse. Dès son arrivée fin septembre, il s'est envolé pour Istanbul puis Tunis. Là-bas, il a réservé un vol pour retourner à Minsk avec une escale à Charles-de-Gaulle. Arrivé à Roissy, il a mis fin à son périple et déclare demander l'asile.

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