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Élection présidentielle en Russie : qui sont les opposants à Vladimir Poutine ?

La plupart des opposants à Vladimir Poutine se trouvent en exil La plupart des opposants à Vladimir Poutine se trouvent en exil [Stephane Mahe /Johanna Geron / Gerhard Mey/ REUTERS]

L’élection présidentielle russe commence ce vendredi 15 mars, sans aucune figure de l’opposition sérieuse pour défier Vladimir Poutine. La plupart des opposants au chef d’État se trouvent en exil ou en prison, s’ils ne sont pas déjà morts dans des circonstances troubles.

Les Russes sont appelés aux urnes à partir de ce vendredi 15 mars pour élire leur prochain président, qui sera, sans nul doute, Vladimir Poutine. Candidat à son cinquième mandat, le président sortant devrait écraser les trois autres candidats, qui ne constituent pas une opposition sérieuse, étant notamment favorables à l’invasion de la Russie en Ukraine. 

Les réels opposants russes n’ont pas pu se présenter, leur candidature n'ayant pas été validée, ou étant soit emprisonnés, soit en exil, soit morts. Malgré la répression sur régime russe, ces figures de l’opposition continuent de militer contre la politique du Kremlin. 

Leonid Volkov 

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© REUTERS/Gerhard Mey

En exil à Vilnius, en Lituanie, Léonid Volkov est l’ancien bras droit d’Alexeï Navalny, décédé il y un mois dans une prison russe. Âgé de 43 ans, il a été agressé cette semaine devant son domicile, aspergé de gaz lacrymogène avant d’être attaqué à coups de marteau. 

Léonid Volkov est l’un des principaux opposants à Vladimir Poutine vivant en dehors de Russie. Il s’était exilé en 2019, après l’ouverture d’une enquête criminelle par les autorités sur la Fondation anti-corruption dont il était le président. Il est également recherché par le Kremlin pour l’organisation, avec Alexeï Navalny, de plusieurs manifestations contre le pouvoir. En 2022, il avait été ajouté à la liste des personnalités «terroristes et extrémistes» du service des renseignements financiers russe, Rosfinmonitoring.

Récemment, Léonid Volkov a directement mis en cause le Kremlin dans la mort d’Alexeï Navalny. Après son agression cette semaine, il a déclaré que l’attaque dont il a été la cible était «typique» du mode opératoire des hommes de main de Vladimir Poutine. 

Ioulia Navalnaïa 

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© REUTERS/Johanna Geron

La veuve d’Alexeï Navalny a assuré qu’elle continuera le combat contre le régime russe malgré la mort de son mari. «Je continuerai pour notre pays, avec vous. Et je vous appelle tous à vous tenir près de moi», avait-elle déclaré solennellement dans une vidéo diffusée trois jours après l’annonce de la mort d’Alexeï Navalny. 

Propulsé au-devant de la scène, Ioulia Navalnaïa, 47 ans, est devenu en quelques jours l’un des nouveaux visages de la dissidence russe. Née à Moscou en 1976, elle se forme en économie avant de rencontrer son futur mari, alors jeune avocat. Ils se marient en 2000, l’année de la toute première élection présidentielle de Vladimir Poutine. Pendant de nombreuses années, elle a soutenu Alexeï Navalny en coulisse, apparaissant quelques fois lors de manifestations ou lors de campagnes électorales. Son mari affirmait par ailleurs que sa femme avait des opinions encore plus radicales que lui.

Ioulia Navalnaïa a la lourde tâche d’essayer de réunir et de fédérer l’opposition russe, éclatée, entre les exilés, les personnalités emprisonnées et les figures politiques russes encore libres.

Oleg Orlov 

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© REUTERS/Tatyana Makeyeva

Figure de proue de la défense des droits humains, Oleg Orlov est le coprésident de Memorial, une ONG de défense des droits de l’homme, qui a reçu le prix Nobel de la Paix en 2022. La Cour suprême russe avait décidé de dissoudre cette association, qu’elle accuse de «déformer la mémoire historique» et de «créer une image mensongère de l’URSS en tant qu’État terroriste». 

Oleg Orlov a été condamné il y a quelques semaines à deux ans et demi de prison par un tribunal de Moscou, pour des dénonciations répétées de l’offensive militaire russe en Ukraine. Il doit purger sa peine dans une colonie pénitentiaire. 

Lui aussi avait dénoncé la mort d’Alexeï Navalny, qu’il a qualifié de «meurtre», et a maintes fois dénoncé l’invasion russe en Ukraine

Vladimir Kara-Mourza

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© NATALIA KOLESNIKOVA / AFP

Vladimir Kara-Mourza, homme politique russe et ancien adjoint du Parti de la liberté du peuple, a été condamné en avril dernier par la justice russe à 25 ans de prison. Il a été reconnu coupable d'avoir diffusé de «fausses informations» sur l'armée russe et d'avoir entretenu des liens avec une «organisation indésirable» à l'issue d'un procès qui s'est déroulé à huis clos. C’est l’une des peines les plus lourdes infligées à un opposant de Vladimir Poutine ces dernières années. 

Fin janvier, ses proches ainsi que plusieurs responsables occidentaux se sont inquiétés de son sort, après qu’il a indiqué avoir été placé à l’isolement pour au moins quatre mois. Dans une lettre, il affirmait avoir été transféré depuis la colonie pénitentiaire N°6 à Omsk, en Sibérie, vers une autre, la N°7, dans la même ville. 

Sa famille s’inquiète de ses conditions de détention, et de son état de santé, en raison d'une affection nerveuse dont il est atteint, appelée polyneuropathie, due à deux tentatives d'empoisonnement.

Garry Kasparov

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© REUTERS/Stephane Mahe/File Photo

Légende russe des échecs, aujourd’hui âgé de 60 ans, Garry Kasparov est devenu très critique du régime du Kremlin, et est particulièrement opposé à la guerre en Ukraine. Il a par ailleurs appelé cette semaine les États occidentaux à apporter un soutien plus fort à Kiev, et a dénoncé la responsabilité du régime russe dans la mort d’Alexeï Navalny. 

«Afin de vaincre le poutinisme et toutes les forces du mal qu'il représente, il faut une coalition qui inclurait une composante russe comme la France libre de (Charles) de Gaulle», a-t-il notamment déclaré. 

Sans surprise, il a été ajouté la semaine dernière par la Russie sur la liste des personnes déclarées «extrémistes». Il a par ailleurs quitté la Russie en 2013, craignant d’être arrêté par les autorités, et réside désormais aux États-Unis. 

Et de nombreux autres

Ces dernières années, plusieurs figures de l’opposition russe ont été assassinées dans des conditions troubles. C’est notamment le cas de Boris Nemtsov, tué en 2015 de quatre balles dans le dos sur un pont de la Moskova à quelques centaines de mètres du Kremlin, après s’être opposé à l’annexion de la Crimée. 

En 2006, la journaliste Anna Politkovskaïa, qui écrivait pour le journal Novaïa Gazeta, avait été abattue dans le hall de son immeuble à Moscou. Elle avait documenté pendant de nombreuses années les crimes de l’armée russe en Tchétchénie

De nombreux autres opposants sont également détenus dans des prisons russes, à l’instar l’Ilia Iachine, 40 ans, condamné à huit ans et demi de prison pour avoir «dénoncé les meurtres de civils» dans la petite ville ukrainienne de Boutcha, près de Kiev, où l'armée russe a été accusée d'exactions. Des proches d’Alexeï Navalny, Lilia Tchanycheva et Ksenia Fadeïeva, purgent également des peines de prison pour «extrémisme». 

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